Ancien chef du Shin Bet : Le seul moyen de vaincre le Hamas est de créer un horizon politique pour le peuple palestinien
Dans une récente interview, Ami Ayalon, ancien chef du Shin Bet (l'agence de sécurité intérieure israélienne) et ancien commandant de la marine israélienne ayant exercé diverses fonctions gouvernementales, a évoqué le conflit israélo-palestinien et le Hamas.
Lorsqu'on lui a demandé s'il existait une solution au conflit actuel, M. Ayalon a établi une distinction claire entre le Hamas, organe terroriste iranien, et le peuple palestinien.
"Le seul moyen de vaincre le Hamas, a-t-il déclaré, est de créer un horizon politique pour le peuple palestinien."
M. Ayalon a évoqué la période comprise entre 1993 et 2000, au cours de laquelle les Palestiniens pensaient être sur la voie de la création d'un État aux côtés d'Israël, en soulignant : "Ils étaient prêts à négocier dans le cadre des frontières de 1967".
"Ils ne se faisaient pas d'illusions sur le droit au retour ou sur un État armé, mais ils pensaient que les négociations conduiraient à un État doté d'une force de police puissante, mais sans armée. Cette conviction a entretenu l'espoir de paix parce que le processus semblait crédible aux yeux des Palestiniens."
En ce qui concerne les accords d'Oslo et la première Intifada (soulèvement), Ayalon affirme que lorsque les Palestiniens avaient une vision d'un État, le soutien au Hamas était minime. "Pendant les accords d'Oslo, le soutien à un règlement politique se situait entre 65 % et 75 % des deux côtés", a-t-il noté, ajoutant que cet équilibre s'est modifié lorsque les Palestiniens ont eu le sentiment qu'Israël ne s'engageait pas pleinement dans les négociations.
M. Ayalon a décrit la vision du Hamas comme un État palestinien islamique allant du Jourdain à la mer Méditerranée, régi par la charia. Le Hamas considère tout autre projet comme une défaite et une capitulation. Il a comparé cette vision à celle d'une minorité en Israël qui recherche un État juif sans donner la priorité à la démocratie, et qui considère le compromis comme une trahison.
Il a également souligné les principales différences entre le parti Fatah, qui contrôle l'Autorité palestinienne (AP) en Cisjordanie, et l'organisation terroriste Hamas. Alors que le Fatah a fini par accepter la nécessité de la diplomatie et de la coopération en matière de sécurité avec l'État d'Israël, réalisant que l'action militaire n'aboutirait pas, le Hamas a toujours rejeté de tels compromis.
Dans le même temps, l'AP a fait preuve d'une certaine hostilité à l'égard d'Israël, notamment par le biais de son programme "pay-for-slay"(payer pour tuer), qui récompense les terroristes pour les attentats qu'ils commettent contre des citoyens israéliens. La montée du terrorisme émanant de la Cisjordanie contrôlée par l'AP a amené les responsables israéliens de la sécurité à s'inquiéter de la possibilité d'une nouvelle intifada.
En outre, fin novembre 2023, le secrétaire général du comité central du Fatah, Jibril Rajoub, a qualifié de "guerre défensive" contre l'État juif l'invasion et le massacre par le Hamas des communautés du sud d'Israël à la frontière de Gaza, à l'instar d'autres responsables qui ont exprimé leur soutien.
Le parti Fatah, dirigé par Mahmoud Abbas, possède sa propre aile terroriste, les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa.
M. Ayalon s'est dit préoccupé par le soutien croissant dont bénéficie le Hamas parmi les Palestiniens et, plus largement, dans le monde arabe et islamique, attribuant cette montée en puissance à l'absence d'horizon politique.
"Tant qu'il y a un horizon politique, le Hamas s'affaiblit", a-t-il expliqué.
Dans un contexte géopolitique plus large, M. Ayalon a souligné la menace existentielle que représente l'Iran et l'importance de mettre en place une coalition régionale soutenue par les États-Unis et l'Europe. Sans une telle coalition, a-t-il averti, toute action unilatérale contre l'Iran serait perçue dans le monde arabe comme une "troisième croisade, ou quelque chose comme ça".
En conclusion de l'entretien, M. Ayalon a fait part de son point de vue sur la situation actuelle : "Le public israélien ne fait plus la distinction entre le Hamas et les Palestiniens, et les Palestiniens pensent que nous sommes tous [comme] Ben Gvir".
Le ministre israélien de la sécurité nationale d'extrême droite, Itamar Ben Gvir, reste un personnage controversé au sein du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Par exemple, ses détracteurs affirment que ses visites répétées sur le Mont du Temple à Jérusalem sont perçues comme une provocation et ont accru les tensions entre Israéliens et Palestiniens, compte tenu de la sensibilité religieuse et politique du site.
Néanmoins, M. Ayalon est resté prudemment optimiste, suggérant que le règlement proposé par les Américains offre une opportunité unique. Cependant, les progrès nécessiteront un processus à long terme et par étapes pour restaurer la confiance et affaiblir l'influence du Hamas.
Le Staff de All Israel News est une équipe de journalistes en Israël.