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Justice Julia Sebutinde : l'unique opinion dissidente dans l'affaire Afrique du Sud/Israël à la CIJ

Juge Julia Sebutinde (Photo : Cour internationale de justice)

Lorsque la juge Julia Sebutinde a été élue vice-présidente de la Cour internationale de justice (CIJ) le 6 février 2024, elle a marqué une étape importante pour la représentation africaine en droit international. Première femme africaine à siéger à la CIJ et à en assumer la direction, son ascension reflète les efforts déployés par la Cour pour diversifier sa composition. Toutefois, sa récente opinion dissidente dans l'affaire Afrique du Sud/Israël l'a propulsée sous les feux de la rampe, soulevant des questions sur l'interaction entre les convictions et le devoir judiciaire.

L'opinion dissidente de la juge Sebutinde contre les mesures conservatoires dans l'affaire de génocide contre Israël s'est distinguée par son écart par rapport à l'opinion majoritaire de la Cour. Même le juge israélien ad hoc, Aharon Barak, a approuvé certaines mesures humanitaires. Cela a conduit à s'interroger sur le raisonnement et les motivations de la juge Sebutinde.

Selon elle, si la guerre à Gaza a incontestablement eu des conséquences humanitaires dévastatrices, la responsabilité des souffrances des Palestiniens n'incombe pas uniquement à Israël.

"Le Hamas est au moins partiellement responsable du bien-être des Palestiniens à Gaza", a noté Mme Sebutinde, soulignant les cas où le Hamas a empêché l'acheminement efficace de l'aide et s'est emparé de fournitures pour son propre usage.

Les liens de la juriste ougandaise avec le mouvement pentecôtiste, en particulier l'église Watoto de Kampala, ont été mis en lumière. Le sionisme chrétien, qui croit au droit divin des Juifs sur la terre d'Israël, est courant dans ces milieux. Le pasteur fondateur de l'église Watoto, Gary Skinner, a prêché sur Israël comme "le plus Grand Signe", citant des passages bibliques sur la bénédiction d'Israël. La juge Sebutinde elle-même a reconnu que l'église lui avait inculqué des valeurs qui ont façonné sa carrière.

Toutefois, il serait réducteur d'attribuer le raisonnement juridique de la juge Sebutinde uniquement à des convictions religieuses. Ses 40 ans de carrière, notamment à la Haute Cour d'Ouganda et au Tribunal spécial pour la Sierra Leone, témoignent d'une approche rigoureuse du droit international. Dans son avis dissident de la CIJ, elle a fait valoir que les mesures existantes répondaient suffisamment aux préoccupations humanitaires à Gaza et a mis en garde contre les excès judiciaires dans les conflits en cours.

La juge Sebutinde a soutenu que le droit d'Israël à l'autodéfense contre le Hamas n'était pas incompatible avec les obligations qui lui incombent en vertu de la Convention sur le génocide. Elle a insisté sur la nécessité de prendre en compte le contexte plus large du conflit, y compris les menaces que de multiples groupes armés font peser sur Israël. Elle a souligné que la responsabilité des souffrances des Palestiniens n'incombait pas uniquement à Israël et a relevé le rôle joué par le Hamas dans l'entrave à l'acheminement de l'aide.

Ses détracteurs estiment que la position de la juge Sebutinde ne tient pas suffisamment compte des besoins humanitaires urgents. Ses partisans, y compris dans les sphères politiques et religieuses de l'Ouganda, l'ont saluée pour sa fermeté sur les principes. Son élection à la vice-présidence de la CIJ, peu de temps après l'avis controversé, a été interprétée par certains comme une justification. Elle a été élue par les 16 juristes qui n'étaient pas d'accord avec sa position.

Dans ses nouvelles fonctions, le juge Sebutinde doit relever le défi de faire coïncider ses convictions personnelles avec la lourde responsabilité de la justice internationale. Son mandat sera marqué par la manière dont elle naviguera avec sagesse dans des conflits géopolitiques complexes et contribuera au respect du droit international ainsi qu'à la protection de la réputation et de la crédibilité de la Cour pénale internationale. Nul doute que la petite voix tranquille l'aidera, comme elle le fait depuis plus de 40 ans.

La controverse autour du juge Sebutinde souligne le débat actuel sur l'impartialité des tribunaux internationaux. Si les antécédents personnels influencent inévitablement les perspectives judiciaires, on attend toujours des décisions qu'elles soient fondées sur des principes juridiques plutôt que sur des convictions individuelles. Alors que la CIJ traite de questions mondiales de plus en plus controversées, le maintien de cet équilibre délicat sera crucial pour la poursuite de sa légitimité et de son efficacité.

Élevons cette juge extraordinaire dans nos prières dans les jours et les mois à venir.

Aurthur est journaliste technique, rédacteur de contenu SEO, stratège marketing et développeur web indépendant. Il est titulaire d'un MBA de l'Université de gestion et de technologie d'Arlington, en Virginie.

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