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L'intolérance religieuse n'a pas sa place en Israël

Des jeunes ultra-orthodoxes harcèlent un ministre chrétien dans la vieille ville de Jérusalem (Photo : capture d'écran)

Israël, principalement connu comme la patrie juive, compte deux autres grandes religions qui revendiquent des liens étroits avec lui : le Christianisme et l'Islam. Il a donc fallu prévoir des aménagements spéciaux pour les touristes, ainsi que pour les habitants non juifs, dont la foi revendique un lien sacré avec la terre qui, selon eux, est inextricablement liée à ce lieu particulier.

Après avoir reçu, il y a plus de 75 ans, la reconnaissance qu'historiquement, ethniquement et bibliquement, cette terre était bien celle qui appartenait à juste titre au peuple juif, on aurait pu penser qu'une telle mesure aurait apporté suffisamment de confiance et d'affirmation pour ne pas se sentir intimidé par la présence d'autres religions sur le territoire.

Alors que la plupart des Israéliens ne se sentent pas menacés ou mal à l'aise à la vue du clergé Chrétien, dont la plupart se trouvent dans la Vieille Ville de Jérusalem ou dans certaines villes du nord, il reste un secteur de la population israélienne qui continue à être intolérant, antagoniste et même parfois militant. Il s'agit du mouvement ultra-Orthodoxe du Judaïsme.

Bien entendu, il ne s'agit pas d'un mouvement généralisé, mais, au sein de ce courant, certains jeunes hommes fréquentent des yeshivot ou des Kollel (institut d'étude avancée à plein temps de la littérature rabbinique), dont beaucoup sont également affiliés à des groupes anti-missionnaires. Lorsqu'ils sont informés de l'existence de séminaires, de réunions ou d'événements prévus à l'intention de la population locale Chrétienne et/ou des touristes, ils se manifestent souvent pour tenter d'empêcher les participants d'entrer dans ces activités ou d'y prendre part.

Au cours des deux dernières années, ce phénomène s'est accentué avec un incident particulier survenu en mai dernier, lorsqu'un important contingent de touristes chrétiens est arrivé avec l'intention spécifique de prier pour la paix dans le pays, à un moment où de nombreux troubles politiques déchiraient l'unité des Israéliens.

Malgré les bonnes intentions de ces guerriers de la prière, qui se sont rassemblés publiquement sur les marches sud, non loin du Mur occidental, un grand groupe d'activistes ultra-orthodoxes a protesté, accompagné du maire adjoint de Jérusalem, qui leur a crié dessus et les a injuriés, exigeant qu'ils rentrent chez eux. Un Israélien de souche, venu lui aussi prier, a été poussé au sol et blessé.

Si une telle démonstration honteuse de haine et d'intolérance à l'égard des chrétiens avait été fermement condamnée par tous les chefs spirituels ultra-orthodoxes, ainsi que par les dirigeants politiques, une autre manifestation honteuse de mépris à leur égard n'aurait peut-être pas eu lieu il y a quelques jours, à Jérusalem.

Il a été rapporté que "deux jeunes ultra-orthodoxes ont été assignés à résidence samedi soir, accusés d'avoir craché sur un prêtre catholique et de l'avoir injurié sur le Mont Sion". L'incident, filmé, montre les jeunes crachant sur le père Nikodemus Schnabel et utilisant un langage désobligeant pour dénigrer la foi du prêtre. Une autre vidéo montre également les jeunes en train d'injurier et de menacer un habitant de la ville qui tentait de prendre la défense du prêtre. Une fois les suspects identifiés par la police, ils ont été assignés à résidence, dans l'attente d'une enquête approfondie.

Ce qui est troublant dans ce terrible incident, outre son intolérance flagrante à l'égard des droits religieux d'autrui, c'est le moment choisi par ceux qui sont censés être guidés et enseignés dans les voies de la piété et de la droiture morale pour adopter un comportement aussi méprisable. Le fait d'être filmé, un peu plus de trois mois après qu'un massacre brutal a été perpétré sur des innocents, aux mains de ceux qui sont engagés dans le génocide de tous les Juifs, ne fait rien pour rallier les étrangers à la cause du soutien à Israël. Au contraire, il fournit un argument convaincant que certains, au sein de la culture israélienne, démontrent leur propre propension au sectarisme et aux préjugés extrêmes à l'égard des personnes dont les croyances diffèrent des leurs.

Cet événement devrait devenir une occasion d'enseignement centrale pour toute institution juive qui prétend se consacrer à l'éducation d'hommes pieux qui accomplissent leur destin d'être une lumière pour les nations. Car si cet incident ne fait l'objet d'aucune explication et finit par n'être qu'une anomalie malheureuse de plus, s'ajoutant aux précédentes, alors la direction spirituelle de la jeunesse ultra-orthodoxe d'aujourd'hui est tout aussi corrompue dans son point de vue que ces jeunes hommes qui se sont sentis suffisamment enhardis pour terroriser et malmener un prêtre qui n'a rien fait pour déclencher ce genre de réaction révoltante.

La vraie religion doit faire preuve d'estime et de respect pour les autres, avant tout. Elle doit considérer que chaque individu a de la valeur, malgré les nombreuses différences d'opinions et de convictions. La foi authentique se manifeste par la gentillesse, la douceur et l'honneur qu'elle accorde à nos semblables, en cherchant à imiter le caractère du même Dieu qui, par ses propres attributs, est descendu jusqu'à nous et nous a montré de l'amour et de la compassion en dépit de nos nombreuses faiblesses.

Rien de tout cela n'apparaît lorsque quelqu'un pense que cracher est une forme acceptable de dissension à l'égard d'une autre personne. Au contraire, il n'y a guère d'action destinée à dénigrer, humilier et salir le caractère d'une personne plus que le crachat, qui est un signe d'invalidation et de diffamation totales.

Comment un jeune homme qui touche au livre le plus sacré peut-il justifier de traiter un autre être humain d'une manière aussi dégradante, à l'instar de ce qui a été fait au peuple juif au cours de siècles de haine inexcusable à son égard ? Et où sont leurs surveillants, chargés de veiller à ce qu'ils produisent des âmes pures ?

Ni le prêtre ni les chrétiens qui viennent en Israël pour prier ne méritent ce genre de mépris qui s'est produit à plusieurs reprises, mais cela se produit en grande partie parce que personne n'est pris en exemple pour la punition sévère qui devrait résulter de ce type d'offense.

Commençons par le fait que les gens sont libres de croire ce qu'ils estiment être la vérité, en ce qui concerne les questions de foi, tant qu'ils ne représentent pas une menace pour les autres. Cela dit, partager ses convictions religieuses, surtout lorsqu'on le lui demande, ne constitue pas une menace pour qui que ce soit, car personne n'est enchaîné et forcé d'écouter. Nombre d'entre nous, ayant rencontré des membres de la secte Hare Krishna, des Témoins de Jéhovah et d'autres religions de recrutement, n'ont eu aucun problème à s'éloigner ou à choisir de ne pas écouter.

En fait, ici même en Israël, il ne se passe pas un jour sans que l'on voie des Orthodoxes, debout au coin des rues, distribuer leur littérature aux voitures arrêtées aux feux de circulation. Pour ceux qui ne veulent pas accepter ce qu'ils proposent, leurs fenêtres restent ouvertes. Ce n'est pas parce que quelqu'un vend quelque chose que quelqu'un d'autre est obligé d'acheter.

Cela fait partie de l'idéologie "vivre et laisser vivre" qui est partagée par la grande majorité des Israéliens d'aujourd'hui, mais qui a été oubliée par les ultra-orthodoxes qui ont toujours recours à la même intolérance et au même sectarisme que ceux qui leur ont été infligés lorsqu'ils étaient des résidents vulnérables dans des pays d'accueil.

En tant que nation souveraine, forte et indépendante, Israël ne peut se rendre coupable des mêmes actes de haine qui ont nécessité le refuge de notre propre patrie - un endroit qui doit être meilleur que les nations dont nous nous sommes échappés en tant que peuple !

Ancienne directrice d'école primaire et de collège à Jérusalem et petite-fille de Juifs européens arrivés aux États-Unis avant l'Holocauste. Ayant fait son alya en 1993, elle est à la retraite et vit aujourd'hui dans le centre du pays avec son mari.

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